vendredi 14 octobre 2011

Titan et Fils : le reboot – CR1 – Les restes du repas et les Nécromants Dinatoires de Gorgéfax

13 SEPTOBRE

Nous avons traversé une terre de cauchemar. Même moi j’ai pas aimé. Sur la nappe de toile rêche, un festin à perte de vue. Venaison, salades, entremets… Mais les invités ont du décommander, les dieux sont morts, ou ils ont sauté un repas, la viande pourrit dans sa sauce, le festin sent la charogne et les fruits en pyramide se couvrent de duvet vert… A perte de vue, tout moisit, empeste et faisande. Un flanc aux œufs veiné d’artères noires et pelucheuses, un civet qui s’agite tout seul dans sa cassolette, royaume boueux des vers et des asticots… On ne sait de quel plat s’éloigner et duquel se rapprocher tant tout empoisonne et empuantit l’air. Et c’est sans parler des mouches, grosses comme mon poing, et qui viennent vous butiner…

Un matin, alors qu’on se faufilait entre une salade de choux couverte d’écume acide et un pain de seigle dur comme du granit, nous eûmes la surprise de voir se dresser un homme, au sommet de l’empilement de crudités… La mousse corrosive avait couvert ses jambes de plaques écarlates, des lambeaux de serviette en papier battaient contre ses flancs caves tandis qu’un dernier morceaux pendait sur son front chauve et dissimulait ses traits. Il se mit à hurler dans un langage inconnu mais son intonation rendait toute traduction inutile. On n’était clairement pas les bienvenus…

Dans le quart d’heure qui a suivi, un de ces collègues nous a chargé, à cheval sur une dinde rôtie, enfin ce qu’il en restait… Le choc latéral a été terrible. S’il n’y avait pas eu cette salière, le bougre nous aurait renversé. S’en est suivi une bonne partie de stock car, à grand renfort de plomb et flammes de notre coté, à grand coup de pilon à demi décomposé du sien… En me penchant, tenu par Lilou, j’avais arraché une brochette acérée sur un plateau quand l’autre nain sur son volatile a buté sur un coin d’assiette, à la suite d’une manœuvre audacieuse du vieux Cagaroulette qui était aux commandes. La bestiole a fait plusieurs tonneaux, éparpillant une colline de chips et renversant plusieurs flûtes de cristal qui explosèrent contre la table, en une nuée de shrapnels translucides… Tandis que la bête essayait de se remettre d’aplomb, le vieux a décidé de la charger à son tour, comme un chevalier en lice, avec moi et ma brochette dans le rôle du chevalier… J’aurai bien aimé embrocher ce sorcier de malheur, ce « nécromant dinatoire » comme l’appelait Lilou, mais avec la vitesse, j’ai eu du mal à l’ajuster. J’ai empalé sa bête, et j’ai cloué sa carcasse à la nappe et à la table en dessous. Par contre je me suis pris un de ces vols à l’impact… Je ne sais pas comment j’ai pu courir et rattraper la Praline après ça mais je suis à bord. Au lit. Convalescent ça s’appelle. Lilou me dorlote et joue aux infirmières. Dehors, j’entends les autres qui retapent une patte boiteuse, à tribord.

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