dimanche 15 novembre 2009

Titan et Fils: la cité de Gasterre

Je continue à rêvasser autour de Titan et Fils et à peupler mes tuiles au fil des parties. Je ne suis pas sur de garder les mêmes règles mais j'aime vraiment le concept qui me rappelle l'Itinérance à Rêve de Dragon. Du coup, mes voyages y prennent un goût très onirique. Mais comme je raffole de cette saveur qu'avait si bien su distillée Messire Gerfaud...


GASTERRE

Gasterre est une cité qui marche, ou plutôt qui rampe au ralenti. La vie y a l’allure de son animal totémique, comme le rappelle la titanesque coquille tigrée qui abrite toute la cité sous sa spirale de nacre. L’escargot est à Gasterre, un animal sacré, qui va et vient et glisse à sa guise, tandis que pluie et crachin tapote sur le dôme zébré. Du petit au gros gris, des ambrés aux tigrés, en passant par les Gigantis qui servent de monture, ils laissent tous leurs traces glaireuses au fil des rues, le long des murs et jusqu’aux plafonds, au point que tous les habitants portent des bottes de pluie. On y porte aussi des bonnets en spirale et un perpétuel sourire assoupi et lointain, comme celui qu’arborent les ivrognes enivrés de Baveuse, l’alcool local et transparent, qui vous lénifie et vous colle à la glotte avant de transformer, si l’on en abuse, votre langue en limace alanguie.

Du fond de leurs bonnets surmontés d’yeux pédonculés, les prophètes gris de Gasterre lisent les augures dans l’entrelacs baveux des va et vient des escargots sacrés. Ils se sont laissés énucléer pour apprendre à lire du bout des doigts les lacis mousseux des divins gastéropodes, et déchiffrer dans la consistance et les méandres du mucus, des prophéties morcelées et cryptiques dignes des plus grands illuminés. Mais qui sait quelles vérités elles abritent sous leurs comptines.

Mais si tu te rends à Gasterre, voyageur, méfie toi des malemorves, les traces malades d’escargots fiévreux. Tu y sombreras corps et biens, prisonnier d’un reflet poisseux de la réalité, peuplé de simulacres sans visage qui essayeront de t’entraîner toujours au plus profond de ces architectures molles, parodie gluante d’une ville et d’une région prospère. Si jamais tu venais à sombrer dans une fondue pareille, cherche le point le plus haut, la surface n’en est pas loin, et si tu es chanceux, tu devrais voir les mains des braves gens essayer de te tirer de là.

lundi 9 novembre 2009

Titan et Fils: les plaines nocturnes de Barambulle

Boouh, bien occupé que je suis ces derniers temps, moult systèmes et univers qui me tentent, et moulte parties avec des copains divers. Faudra que je me force à rédiger ce que j'ai enfanté pour ces occasions.

Sinon, ma rencontre avec Titan et Fils, un jeu du Grumph, loué soit son nom

J'ai beaucoup aimé l'idée, et même si je n'ai pas playtesté, ça m'inspire fortement.
Je pense que la chose la plus drôle à faire avec ce jeu, c'est de rendre moins anonymes les tuiles plaines, marais, bourg etc, de créer des endroits qui peuvent revenir parfois et inspirer les joueurs.

J'ai à peine eu le temps d'y songer et de débuter une partie avec ma moitié adoré et mon fils qu'il a fallu qu'il aille se coucher.

A tout hasard et pour le plaisir d'écrire voilà la toile de fond où s'arrêta leur caravane chargée de chocolat de luxe...


LES PLAINES NOCTURNES DE BARAMBULLE

En roulant à travers les plaines de Barambulle, on fauche à grand revers d’essieu des étoiles au berceau. des novas montées en graine, des astres en jeunes pousses, nombreux comme des épis de blé. C’est un peu de poussière céleste qui vous colle aux roues quand vous partez de ce pays plongé dans une éternelle nuit. Si vous ne finissez pas fauché par la pétoire d’un redneck sur échasse. Faut dire que ces fermiers veillent méchamment sur leurs récoltes et qu’ils sont plus instables qu’un lévrier unijambiste. Un instant ils vous invitent dans leur ferme sur pilotis, vous installent dans leur rocking-chair, sur leur terrasse de bois flottant à fleur des houles lumineuses et partagent avec vous un cuissot de sagittaire. L’autre, ils vous pourchassent à coup de fusil, comme si vous étiez un simple capricorne, un lion ou un cancer, ces crabes violonistes qui se cachent dans les hautes herbes… Si on les écoutait c’est tout le zodiaque qui vient hanter leurs champs…


Je n’ai jamais croisé ni vierge, ni gémeaux. Mais j’ai vu un poulpe stellaire, une pieuvre semi transparente qui dégustait de petits soleils. Les astres dans sa chair fantomatique resplendissaient de mille feux, la transformant en un être lumineux, à la grâce céleste, cueillant les comètes à venir du bout de ses huit tentacules, tous aussi gracieux que des ballerines.

Dommage que ce spectacle ait été interrompu par une décharge de chevrotine : « Faut pas les laisser remonter toutes gavées de lumière, après ça s’accroche là haut, entre deux planètes, et ça vous fout des migraines aux astronomes... »