dimanche 6 septembre 2009

Bear Harbour : Rotten Smiley

Sur la façade de bois, à la peinture verte écaillée, on pouvait lire un avertissement explicite:"Rotten Smiley, le snack le plus crade de tout Bear Harbour". Ce n'est pas l'épaisse couche de poussière sur les grandes vitres ambrées qui aurait pu démentir cette affirmation, ni les mines des clients, qui sortaient, échevelés et hilares, des taches et des pois plein les revers de leur chemise, ou se curant les dents du bout d'un ongle pensif. En scrutant à travers la buée et la crasse, on pouvait apercevoir, alignés comme de vaillants soldats, les plats proposés par ce bouge. Des montagnes de petits pois d'un vert éclatant, finissaient de dégorger leur colorant chimique sur un plateau de fer, perles sinoplines en cascade, ruisselant sur des minis tourtes à la viande, des pâtés en croûte, des beignets de foie de volaille au madère, ou des croustades de pieds de porcs, petites pâtisseries salées et grasses, à la pâte luisante et gorgées de suc. Les affamés à l'intérieur creusaient à pleine main les flancs de ses monticules émeraude, et se gavaient de viandes et de feuilletés, s'envoyant d'une table à l'autre, de pleines poignées de pois. Les gens du service, soucieux d’arborer un look négligé et grotesque, tout en respectant les règles de l'hygiène, se retrouvaient souvent les premières victimes de ses bombardements potagers. Dommages collatéraux tombés au champ d'honneur de la restauration burlesque, ils prenaient avec une philosophie toute "relative", les brassées de pois reçues en plein visage, ou bien les dérapages pas toujours contrôlés que provoquait toute cette manne légumineuse jonchant le sol. A part la grande Rachel et le rat bis qui s'agrippait à son épaule, le personnel ne s'accrochait très longtemps à ce travail. Sidney le patron prenait tout cela avec philosophie, essayant de trouver encore et toujours un nouveau truc louche pour décorer son rade. Des toiles d'araignées en draperies côtoyant les drapeaux irlandais, aux bestioles en caoutchouc qu'il enfouissait parfois au beau milieu des plats et que certains clients collectionnaient, en passant par le ballet de rongeurs et de cancrelats automatisés qui dansaient au plafond, l'on pouvait se demander ce qui avait donné à ce rouquin l'envie de faire de son snack un endroit pareil, dédié aux cafards en plastique et plongé toujours dans une semi obscurité parfois malodorante."Une enfance dans le placard sous l'escalier, lâchait-il laconique, avant que ses yeux ne se perdent le long des rubans adhésifs antimouche peuplés de bestioles en tissus qui dégoulinaient du plafond...

1 commentaire:

  1. Idée de scénario : Sidney a reçu une balle, il est à l’hosto. Un type a mal pris qu’il se mette entre lui et sa fille qui avait l’air martyrisé, les Pjs pourront-ils retrouver le mec et la fille? Et l'histoire est elle aussi simple que ça ?

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